vendredi, mars 23, 2007

LA Villa Africa: Une fenêtre sur notre passé

Avec la reconstruction de la Villa Africa prés d’El Jem, un bond de 18 siécle nous attends.Découverte à la suite d’une tentative de construction ollicite, la Villa Africa demeure la plus vaste résidences aristocratiques privées de toute l’Afrique romaine : 3000 métres carrés !

La découverte de restes d’amphores contenant du vin en provenance de Gréce dans une terre qui en produisait, la présence de multiples bassins et fontaines et de par ses pavements démontrent le degré d’opulence dans laquelle les aristrocates de l’Africa évoluaient .
Nommée aprés la découverte de l’unique représentation en mosaïque de la déesse Africa, cette demeure a été partiellement reconstruite à l’identique afin d’exposer ces inestimables trésors de notre patrimoine.

Datant du II éme siécle aprés J.C. elle permet aux visiteurs de visualiser l’ambiance d’une riche demeure de l’époque Impériale.
La reconstruction a été dirigé par un Grand Homme M. Hédi Slim spécialiste de l’Antiquité Tardive et ancien directeur de la Recherche du Patrimoine.

Ce joyau de notre passé est à redécouvrir. Je vous invites donc à passer quelques instants dans cette Villa et de retourner chez quelques uns de nos ancêtres d’il ya plus de 1 800 ans...

4 commentaires:

Roumi a dit...

@aziz : mon cher Aziz, je ne sais pas si cette note sur El Jem est un hasard ou non. En tout cas merci.

Je voudrais faire une précision à propos de dea Africa ; sa représentation sur des mosaïques est très rare, du moins si l'on se fie aux mosaïques conservées. Néanmoins dea Africa apparaît sur une mosaïque des thermes des Vigiles à Ostie selon le même principe qu'à El Jem : buste de la déesse surmonté de la proboscis, c'est-à-dire la dépouille d'éléphant avec la trompe et les cornes.
Deux autres mosaïques siciliennes, l'une au musée de Catane et l'autre sise dans la villa de Piazza Armerina pourraient également représenter dea Africa. Pour ne parler que de celle de Piazza Armerina, dont j'ai vu une photographie, il s'agit d'une déesse assise, entourée d'animaux sauvages, dont un éléphant, et tenant une défense d'éléphant (attribut associé à dea Africa sur des monnaies) comme d'autres déesses tiennent une corne d'abondance ; malheureusement cette divinité représentée à Piazza Armerina ne porte pas la proboscis, ce qui laisse un doute sur son identité et on a alors proposé aussi de l'identifier avec l'allégorie de l'Ethiopie, ce qui me semble personnellement absurde pour au moins trois raisons :
- la Sicile est culturellement proche de l'Africa alors lui chercher un lien avec l'Ethiopie serait un peu tiré par les cheveux ;
- les mosaïques de Piazza Armerina sont stylistiquement proches de certaines autres de l'Afrique romaine ;
- une part des mosaïques de Piazza Armerina évoque le commerce des bêtes fauves (leur capture, leur transport, ...) et c'est un thème très prisé de la mosaïque africaine, ce qui rapproche encore ces mosaïques de celle de l'Africa et nous renvoie plutôt vers dea Africa que vers l'Ethiopie.

Pour moi c'est donc bien l'allégorie de dea Africa qui y est représentée même sans la proboscis ; les mosaïques de Piazza Armerina sont d'ailleurs tardives et on peut envisager une simplification de représentation de la déesse, avec omission de certains attributs qui l'auraient rendu plus identifiables.
De toute façon, il reste toujours la mosaïque d'Ostie qui est explicite.
Ce qui est étonnant quand même c'est de noter la rareté des représentations de la déesse Africa sur les mosaïques alors qu'elles sont plus fréquentes sur d'autres types de support, par exemple les lampes à huiles, diffusées même en dehors de l'Afrique romaine ; j'ai pu notamment étudier une lampe avec dea Africa trouvée sur un site archéologique non loin de Paris !

Pour le reste, la reconstitution partielle de la "villa Africa" est une remarquable initiative.
Elle ouvre des perspectives pédagogiques en direction de publics divers, jeunes et adultes, en mettant sous leurs yeux quelque chose de plus concret que de simples vestiges.
Elle ouvre également des perspectives touristiques car ce genre de reconstitution est une plus-value par rapport aux autres sites archéologiques tunisiens et même plus globalement au Maghreb, où on ne trouve pas vraiment d'équivalent à cette initiative il me semble. En Europe, les reconstitutions de cette espèce ne sont pas non plus extrêmement fréquentes mais on en trouve quand même un peu plus et on sait que ces reconstitutions sont très appréciées des visiteurs.

Cette reconstitution est un remarquable complément du musée archéologique d'El Jem, à côté duquel elle a été établie ; l'emplacement initial de cette luxueuse habitation était à l'origine un peu différent de l'emplacement actuel.

Cette initiative va dans le sens d'un développement du tourisme culturel à El Jem, avec d'autres initiatives telles que le festival de musique symphonique. J'espère qu'on pourra aller encore plus loin dans les années à venir car il y un potentiel touristique encore inexploité à El Jem, où les touristes ne font malheureusement que passer un peu trop rapidement jusqu'à présent.

Il faut également souligner qu'El Jem a bénéficié dans cette oeuvre de reconstitution du soutien important de la ville française de Romans (département de la Drôme), dans le cadre d'une action de coopération décentralisée. Ce type de coopération permet à des collectivités territoriales françaises (régions, départements, communes) de nouer des partenariats de nature diverse avec des collectivités étrangères et il existe de nombreux projets de ce type avec la Tunisie (http://www.amb-tunisie.fr/?nomPage=jumelages).

Au passage, le terme de villa est à proscrire car il s'applique exclusivement aux habitations rurales alors qu'ici il s'agit d'une domus, une maison de ville. On a parlé de "villa Africa" en songeant aux villa actuelles, ce qui est anachronique. Donc il faut se forcer autant que possible à parler de domus ou user de périphrases telles que "riche demeure", "luxueuse habitation", ... en gardant à l'esprit qu'on est dans la ville antique de Thysdrus et non à la campagne.

J'ai une pensée pour mon grand frère K. qui a participé à la fouille de cette demeure antique... et aussi une autre pour mon grand frère Hannibal qui ne manquera pas, je suppose, de passer par ici. :)

Hannibal a dit...

Il faut noter egalement que plusieurs jeunes ( tunisiens, marocains et francais) ont participe aux travaux de reconstruction de ce villa, et autres sites archeologiques a ElJem auxquels j'ai moi meme participe comme volontaire :)

Aziz a dit...

Merci a vous deux pour toutes ces precisions ;-))

Et Puis hannibal cela devait etre magique de restaurer une "Domus' qui datait de plus de 18 siecle !!

Hannibal a dit...

@Roumi: merci pour ces informations vraiment precieuses . Je ne peux rien y ajouter:)

@Aziz: c'est une experience sublime et tres enrichissante:)