lundi, décembre 31, 2007

Groupe de Soliman : 2 condamnations à mort

TUNIS - Deux salafistes djihadistes tunisiens, sur les trente prévenus impliqués dans des affrontements armés avec les forces de l'ordre, ont été condamnés dimanche à la peine capitale par la quatrième chambre criminelle du tribunal de première instance de Tunis, a-t-on constaté sur place.

Reporté à quatre reprises à la demande de la défense, le procès était entouré d'un important dispositif sécuritaire. Il s'est déroulé en présence de plusieurs journalistes et d'une diplomate américaine, Susannah Cooper.

Le verdict a été rendu au terme d'une audience-marathon qui a débuté samedi matin et qui a été marquée par le retrait de la plupart des avocats de la défense en raison de l'"absence de garanties pour un procès équitable", selon le bâtonnier Béchir Essid.

Les deux condamnés à mort sont Saber Ragoubi, un ouvrier âgé de 24 ans, et Imed Ben Ameur, un menuisier de 34 ans, reconnus coupables d'"incitation de la population à s'entretuer" et de "provocation du désordre et du meurtre sur le territoire tunisien dans le cadre d'un projet terroriste".

Huit autres accusés ont été condamnés, pour les mêmes griefs, à la prison à perpétuité, tandis que des peines allant de cinq ans à trente ans de prison ont été prononcées contre les autres accusés pour "appartenance à une organisation ayant adopté le terrorisme comme moyen de réaliser leurs desseins" et "détention et transport de produits explosifs".

Le tribunal n'a pas retenu, en revanche, les chefs de "complot contre la sûreté intérieure de l'Etat" et la "tentative de renverser le régime" figurant dans l'acte d'accusation.

"C'est une justice expéditive", a déploré l'un des avocats de la défense, Me Samir Ben Amor. Il a déclaré qu'il fera appel à ce jugement qu'il a qualifié d'"inique".

Lors de leur interrogatoire, les prévenus ont nié les faits qui leur étaient reprochés. Ils ont déclaré que les aveux consignés dans les procès-verbaux du dossier leur ont été extorqués sous la contrainte.

Les accusés ont été arrêtés à la suite d'accrochages armés avec les forces de l'ordre qui se sont produits fin décembre 2006 et début janvier 2007 près de Tunis, causant la mort d'un militaire, d'un agent de police et de douze membres du groupe salafiste, selon un bilan officiel.

Le noyau du groupe baptisé "soldats d'Assad Iibn Fourat", du nom d'un chef de guerre arabe, était composé de six personnes, cinq Tunisiens et un Mauritanien. Ils s'étaient infiltrés, munis d'armes et de munitions, par la frontière algérienne, d'après le ministre de l'intérieur, Rafik Haj Kacem. Ils auraient eu des liens avec l'ex-groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), converti en branche d'Al-Qaïda au Maghreb islamique.


* Il faut rappeller que la derniére éxécutions date du 17 Novembre 1990.. Et dire que nous débattions il n'y a pas si longtemps sur l'abolition de la peine de mort en Tunisie...

1 commentaire:

Roumi a dit...

La dernière exécution en Tunisie était en octobre 1991 pour cinq personnes qui ont été pendues.
Sinon la nuance c'est que la peine de mort a continué à être prononcée - très rarement - depuis 1991 en Tunisie mais sans exécution de la peine puisqu'un droit de grâce a été systématiquement accordé par le président Ben Ali.
Donc pour l'instant, on n'est pas dans un schéma différent de celui des 16 dernières années. Cela le serait en revanche si les peines prononcées étaient appliquées mais c'est une perspective encore lointaine vu qu'il y aura appel de la condamnation et recours divers dont celui au droit de grâce présidentiel.

Mais enfin cela rappelle, comme je l'avais souligné en février dernier dans une note sur la peine de mort, notamment en Tunisie, la nécessité de mettre en droit la pratique de fait des 16 dernières années, en affirmant formellement dans la loi l'abolition de la peine de mort en Tunisie.
Cependant, je l'avais écrit également, il ne suffit pas de supporter, en Tunisie ou ailleurs, l'abolition de la peine de mort pour se revêtir du voile de l'humanisme ; en effet, la détention perpétuelle, dans des conditions généralement déplorables et sans aucune perspective d'avenir, revient à une peine qui n'est certainement pas plus teintée d'humanité.